Se fondant sur l'étude de nombreux mythes recueillis chez les Indiens d'Amérique, et qui font apparaître une opposition entre des termes proches par nature - deux frères, deux jumeaux, par exemple -, Claude Lévi-Strauss montre comment cet écart qui ne se comble jamais, dans la pensée indienne, est constitutif d'une représentation originale de la nature et de la société : en perpétuel déséquilibre, comme si toujours le même engendrait l'autre, et que la bonne marche de l'univers en dépendait. Ainsi, dans la pensée des Amérindiens, leur existence impliquait celle des non-Indiens, et la place des Européens était marquée en creux dans leur système. On est alors conduit à méditer sur la rencontre entre deux mondes, à son retentissement dans chacune des deux cultures, sur les sources du dualisme des Indiens d'Amérique, à l'origine d'une ouverture à l'autre que les conquérants sauront exploiter pour mieux détruire les peuples et les valeurs du Nouveau Monde.