«À trente-deux ans, Apollinaire est en 1913 une figure connue du monde de l'art, de la littérature et du journalisme. En poésie, il n'a certes publié qu'une petite plaquette tirée à cent vingt exemplaires, Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée, alors que son ami André Salmon en est déjà à son troisième recueil ou que leur cadet Jules Romains fait paraître son cinquième. Mais depuis douze ans il a donné des vers à de nombreuses revues, particulièrement La revue blanche, La Plume, Vers et prose, La Phalange, Les Soirées de Paris, et il a fait passer son grand poème La Chanson du mal-aimé dans le Mercure de France. Il ne se rattache pas à une école ou à un groupe déterminé ; cependant, dans une conférence faite en 1909, il place à l'origine de la jeune poésie deux groupes fondamentaux, l'Unanimisme d'une part, de l'autre celui des collaborateurs de la revue qu'il avait fondée en 1903 et qui n'eut que neuf numéros, Le Festin d'Ésope. Il affirmait ainsi sans ambages son originalité et son antériorité, alors qu'il n'en était encore qu'à annoncer ou laisser annoncer dans les journaux la prochaine publication d'un premier grand livre de poèmes.» Michel Décaudin.