Colonisations, histoires coloniales, temps présent: quelle réconciliation des mémoires?Après les guerres cruelles et les massacres épouvantables, les génocides et les tueries, vient le temps du silence, et de l'oubli apparent.Les acteurs de la tragédie se taisent, préférant recommencer une vie, poursuivre un projet interrompu par le conflit, construire un avenir sans se retourner.Puis, avec le temps qui passe, les souvenirs reviennent, des paroles se font entendre.Ce processus observé à maintes reprises dans tous les conflits mettant en jeu des populations civiles, se voit pour la séquence de la décolonisation.Après un temps relativement long de travail de deuil, d'une terre perdue ou d'un être aimé disparu, la mémoire revient.De la bonne manière, en trouvant un apaisement, en réfléchissant sur les causes de la guerre. De la mauvaise manière aussi.La mémoire de répétition, celle qui veut toujours vivre avec le conflit, celle qui n'accepte pas l'histoire accomplie, refuse la parole, les arguments de l'autre.Cette mémoire dangereuse peut alors s'installer, durablement, dans la société française.Ce phénomène des deux mémoires est particulièrement saisissant dans le cas de la décolonisation, et de la guerre d'Algérie en particulier.Comment donc sortir de ce type de souvenirs qui vise au « re-jeu » de la guerre, celui du temps des indépendances des anciennes colonies?Comment parvenir à la réconciliation des groupes porteurs de la mémoire de ces conflits? La tâche est-elle insurmontable?(Benjamin Stora.)